KIDI BEBEY – L’histoire de l’Afrique est aussi l’histoire du monde
Kidi Bebey est auteure et journaliste de presse écrite (en free-lance actuellement). Elle écrit pour les enfants, les adolescents et les adultes. « Je suis Parisienne de nationalité si je puis dire », avance-t-elle. Née en France de parents camerounais, elle cultive son lien avec l’Afrique, surtout sur le plan culturel.
Quels souvenirs gardez-vous du Cameroun de votre enfance et de votre vie de jeune adulte ? Et aujourd’hui ?
Mes souvenirs d’enfance du Cameroun sont enchantés : je n’y ai pas grandi mais j’y allais pour les vacances. Il s’agissait donc de moments privilégiés. A cette vision enchantée s’est ajoutée l’expérience de l’adulte qui est allée au Cameroun maintes fois pour travailler, en particulier lorsque j’étais rédactrice en chef des magazines panafricains pour la jeunesse « Planète Jeunes » et « Planète Enfants ». J’en ai gardé un fort tropisme pour les jeunes, leurs aspirations et leur devenir sur le continent africain.
Peut-on parler de l’influence incontournable de la présence du père dans l’art d’écrire chez vous ?
Je n’écris pas pour faire comme mon père. J’écris parce que je trouve magique de faire naître des univers en alignant des mots qui deviennent des phrases. J’écris parce que lire a été pour moi, enfant, une ressource puissante pour découvrir, apprendre, me consoler, rêver etc. Les livres me chantent des chansons, me murmurent des musiques. La musique me raconte elle aussi des histoires. La magie opère.
Comme l’écrivain Ernest Hemingway, vous êtes aussi journaliste : un combat de coqs ou une cohabitation paisible entre la journaliste et l’écrivain ?
Beaucoup de journalistes écrivent de la fiction parce que le roman offre des possibilités que l’information ne permet pas. Mais chez moi, les deux domaines ne sont pas en conflit. Je me sens beaucoup plus raconteuse d’histoires que journaliste. Ce que j’aime surtout, du côté du journalisme, est d’interviewer les gens pour que justement ils racontent leur histoire. Je serais incapable de faire du journalisme d’investigation par exemple.
Quand sentez-vous, quand les mots se bousculent au-dedans de vous que c’est à l’éditrice, à la journaliste ou à l’écrivain de réagir?
En fait, derrière le terme d’éditrice, il faut comprendre directrice de collection. J’ai créé, avec Kadiatou Konaré, la fondatrice des éditions Cauris Livres (au Mali), une collection d’albums documentaires qui s’adresse aux plus jeunes. Cette collection intitulée Lucy se propose de raconter « comme une histoire » la vie de personnalités africaines ou d’origine africaine qui ont marqué l’histoire : de Miriam Makeba à Senghor,
de Césaire à Oum
Khalsoum, de Fela Kuti à Bob Marley, Nkrumah,
Modibo Keita… Il s’agit là encore de laisser la trace d’une histoire, d’un parcours personnel s’inscrire en chaque lecteur pour lui faire comprendre que l’histoire de l’Afrique est aussi l’histoire du monde.
Qui sont vos illustrateurs et quels sont les auteurs de vos collections ?
Plusieurs illustrateurs africains dessinent pour Cauris Livres : Christian Epanya (Cameroun), Pat Masioni (Congo RDC), Al’Mata (RDC) et aussi des illustrateurs (trices) français(es) comme Isabelle Calin. Les auteurs sont également de plusieurs origines comme le Camerounais Alain Serge Dzotap, la Française Anne-Sophie Chilard… Ce qui compte est d’être motivé par le projet de la collection, d’accepter de se plier à sa difficulté et bien sûr de se montrer professionnel.
Des projets ?
Après un roman intitulé Mon royaume pour une guitare (Pocket) que j’avais consacré à ma famille, je termine un deuxième roman qui n’a plus rien à voir avec moi… mais avec l’Afrique et la France. J’espère qu’il intéressera un éditeur !
Propos recueillis par Marie-Léontine Tsibinda Bilombo
2 réponses
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