OPHÉLIE BOUDIMBOU – Une déclaration d’amour à l’Afrique
Ophélie Boudimbou, est étudiante et auteure jeunesse. Elle aime dire qu’écrire des livres et des histoires qui racontent l’Afrique autrement est pour faire rêver les enfants du monde entier. Elle est arrivée en France il y a à peu près 5 ans pour poursuivre ses études supérieures. Elle prépare une thèse en littératures comparées à l’université de Lille.
Pourquoi la littérature ?
Fille de parents littéraires et enseignants, j’ai grandi au milieu des livres, pour ne pas dire dans une petite bibliothèque familiale. J’ai toujours entendu mes parents échanger au sujet des livres et auteurs qu’ils appréciaient. Lorsque mon père voyageait, il avait pour habitude de me ramener des livres en guise de souvenirs de voyage. Nous discutions ensuite de mes lectures. Cela a tissé des liens entre nous, et sans doute, nourri la littéraire en devenir que je suis. Voilà en résumé le contexte dans lequel j’ai choisi mon orientation scolaire. Avec le recul, je dirais que je n’aurais pas choisi un autre domaine que les livres. C’est une passion. J’aime partager mes lectures, interroger chaque page que je lis et les confronter avec d’autres auteurs venus de différents horizons.
Tout en étant étudiante, vous écrivez des poèmes, des nouvelles : comment est née cette passion pour l’écriture ?
Cette passion pour l’écriture n’est à mon humble avis que le prolongement de ma passion pour les livres. J’ai commencé à écrire très jeune. J’avais 7 ans à l’époque et l’écriture était une partie de jeu. Comme les enfants de cet âge, j’écrivais aussi pour me créer un monde, un imaginaire, me moquer de mes sœurs… Avec les années, j’ai commencé à imiter le style d’écriture de mes auteurs jeunesse préférés. Puis, à trouver mon propre style et construire un réel projet d’écriture. Celui que je prône depuis bientôt deux ans. Écrire l’Afrique « autrement ».
Cette écriture au service de la jeunesse : un engouement né d’une constatation ?
Tout a commencé premièrement par une prise de conscience sur les bancs de la fac durant mon master littérature jeunesse. Il n’existe que peu d’ouvrages sur la thématique culturelle et identitaire africaine. La poignée de livres à ce sujet est à la limite du didactique (ce qui n’est pas mauvais non plus). Et je ne parle même pas de certains livres qui présentent l’Afrique de façon stéréotypés (guerre, animaux, famine, bidonvilles…) Je voulais raconter une Afrique, mon Afrique, celle de la gaité. L’écriture pour la jeunesse est venue comme une sorte de réponse à ces différentes problématiques que je viens de souligner.
Que vous inspire donc l’enfance : un refuge en temps de crise, un jardin à protéger ?
Un jardin à protéger afin qu’il ne se transforme en paradis perdu.
Comment est née l’idée de publier Kanika votre premier livre destiné à la jeunesse ? Que signifie ce titre ? Que véhicule ce livre ?
J’étais à la recherche d’un livre ludique pour raconter l’Afrique autrement à mes cousins nés en France. C’est à ce moment que la citation de Toni Morrison disant : « If there’s a book that you want to read, but it hasn’t been written, you must write it » a sonné en moi. En m’inspirant de Toni Morrison, j’ai voulu écrire pour créer un livre qui n’existe pas, le livre que j’aurai voulu avoir entre mes mains durant mon enfance. Kanika est un prénom d’origine égyptienne qui signifie « Petite fille noire ». C’est un livre sur la transmission des valeurs africaines : la tradition, la cuisine, le partage. Le tout à travers la figure d’une petite fille qui découvre ses origines aux côtés de sa grand-mère qui est le symbole de la transmission, une véritable passeuse d’histoires.
Tisser des liens entre le pays de l’exil et celui de naissance à travers la littérature : une tâche particulièrement exaltante ?
Je ne suis pas en exil. Je pense en revanche que c’est une mission exaltante que de tisser des liens entre les pays, de faire les cultures se rencontrer. C’est un devoir pour moi de créer des ponts entre ces deux pays que je porte dans mon cœur.
Écriture et gastronomie : un mariage de folie ou une gourmandise voulue ?
Les deux. Parce que les deux éveillent nos sens et nous invitent et inventent nos voyages. Je suis une amoureuse des mots et des mets qui pense qu’il n’y a pas meilleur moyen de découvrir une culture que de goûter à sa cuisine. D’ailleurs, en bonne congolaise que je suis, on m’a toujours appris à recevoir l’étranger en lui offrant un repas. C’est à travers ce repas que se tisse le dialogue et l’échange. La thématique culinaire est un entremets pour aborder un projet d’écriture plus large : parler de l’Afrique.
Avec quel illustrateur travaillez-vous ?
Je travaille actuellement avec plusieurs illustrateurs installés sur le continent dans le cadre du prolongement de l’univers de Kanika. Ce premier opus test a été illustré par une illustratrice française et afrodescendante : Ama.
Kanika, une façon de s’évader pour trouver un peu d’équilibre en soi ?
Une déclaration d’amour à l’Afrique. Tout simplement…
Propos recueillis par Marie-Léontine Tsibinda Bilombo