MOUANDA KIBITI FRED ARTHUR -Au milieu d’interrogations acérées

Marie-Léontine Tsibinda Bilombo

MOUANDA KIBITI FRED ARTHUR -Au milieu d’interrogations acérées

“Je suis Mouanda Kibiti Fred Arthur, titulaire d’un DEUG en Langue et Littérature Françaises et d’une licence en Administration générale de l’université de Brazzaville et ancien élève du lycée Chaminade de Brazzaville. Je suis heureux d’avoir fréquenté ce célèbre établissement d’où sont sortis de grands noms du Congo-Brazzaville comme par exemple, Jean-Baptiste Tati-Loutard, Benoît Moundelle-Ngolo, Jean-Raymond Albin Lebanda et tant d’autres…” nous dit-il. Il est Écrivain depuis le ventre de sa mere!

Quand aviez-vous été piqué par le virus de l’écriture?                                          

Depuis le ventre de ma mère, s’il faut le dire! Mais le déclic, reste et demeure, l’étude en classe de quatrième au Collège d’enseignement général Nganga Edouard, de L’Affaire du silure, le roman de Guy Menga. L’un des meilleurs de la littérature congolaise, à mon avis. C’est ici l’occasion pour moi, de dire un grand merci à Madame Fayette-Mikano (mère du rappeur français Abd-El-Malik), de m’avoir ouvert les yeux aux prodiges de la littérature avec ce roman de Guy Menga.

Des peines et des joies dans la vie d’un écrivain comme vous?

Les joies et les peines, on ne peut le nier, se succèdent à un débit très rapide, dans le parcours d’un écrivain comme moi… Peines dans l’écriture, dans l’attente d’une réponse de l’éditeur, peine dans le refus. Mais heureusement, il y a au-dessus de tout, la joie d’être entouré et surtout d’être conseillé par de grands tels que Pierre Ntsemou, Huppert Malanda, Gabriel Mwene Okoundji…

Ecrire, une façon de vivre avec le monde?

Tout à fait, écrire permet de vivre avec le monde. L’écriture apporte sa pierre à l’édification d’un monde plus responsable car elle sait exalter le bon sens comme elle sait dénoncer les antivaleurs.

Votre premier ouvrage a été un recueil de nouvelles. Aujourd’hui, vous publiez Quand parlent les mots suivi de À L’ombre de la douleur, un recueil de poésie qui vient d’être édité en France aux éditions Stellasmaris, de quoi parlez-vous dans ce nouvel ouvrage?

Avant cet ouvrage, il y a eu deux recueils de nouvelles que je compte rééditer chez un autre éditeur. Celui qui nous intéresse est ce recueil de poèmes présent : Quand parlent les mots suivi de À l’ombre de la douleur, écrit, permettez-moi la répétition, à l’ombre de la douleur! Cet ouvrage parle, non seulement du quotidien des mots auxquels est donnée la parole, mais aussi de moi-même et partant de là, de toute une génération qui survit plus qu’elle ne vit, au milieu d’interrogations acérées.

Pensez-vous que les mots ont un pouvoir?

Oui, les mots ont le pouvoir de vie et de mort sur toute la création. Ne sont-ce pas ces mêmes mots qui manipulent la langue? Et puis, pour être complet, n’est-ce pas par un étrange jeu de mots que naissent les maux? N’est-ce pas par eux aussi, que nait la sérénité ?

Peut-on échapper à la douleur dans une vie?

La douleur étant liée à l’existence humaine, il est difficile de s’y défaire. Mais les mots bien conçus et énoncés peuvent annihiler ses effets secondaires.

Comment choisissez-vous vos titres?

Pour dire vrai, j’ai toujours du mal à baptiser mes écrits. Entre les noms traditionnels et chrétiens, la guerre est souvent rude. Ce n’est toujours pas évident lorsque l’on est sous la transe de l’inspiration. Mais bon, heureusement que la nuit est là aussi, pour aider à prendre la bonne décision, à faire le bon choix.

Un dernier mot?

Que les autorités de ce pays se réapproprient la culture et plus particulièrement, la littérature. Le Congo est l’un des pays les plus féconds en terme de littérature. La plupart des grands acteurs du continent viennent d’ici, pourtant, ce désintéressement total pour la littérature est vraiment le bât qui blesse.
C’est une honte que de voir de grands noms tels que Jean-Blaise Bilombo Samba, Emmanuel Boundzeki Dongala, Aimé Bedel Eyengue, Aimé Mambou Gnali, Wilfried Nsonde, Alain Mabankou, Ludovic Kodia, Alima Madina, Gaëtan Ngoua, Philippe Moukoko, Alphonse Ndzanga Konga, j’en oublie d’autres, très célèbres à l’extérieur du pays, végéter dans l’anonymat à l’intérieur. Incompréhensible!

 

Propos recueillis par Marie-Léontine Tsibinda Bilombo

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