LEILA CHERKAOUI – L’introspection est essentielle pour se construire et évoluer
LEILA CHERKAOUI – L’introspection est essentielle pour se construire et évoluer
Leila Cherkaoui est née à Casablanca. Dans son espace « L’Atelier de Création », elle mène un travail qui la passionne. Ses recherches sont centrées sur la vie des formes et de la profondeur des couleurs.
Leila Cherkaoui est une artiste amoureuse de peinture mais aussi ivre de sculpture. Cette artiste à la force tranquille porte un regard intérieur sur les racines et les sources d’appartenance au Maroc et du monde. Arcades, ruelles et silhouettes des êtres humains remplissent ses toiles.
Elle expose à travers le monde et bien entendu dans son pays natal. La constellation des arts plastiques au Maroc ne peut être complète sans sa part de rêves, de toiles, son monde intérieur et son existence.
Leila Cherkaoui demeure une artiste peintre et poète autodidacte depuis les années 90. Son enfance a été marquée par la perte très tôt de ses deux parents.
Comment l’artiste peintre que vous êtes a-t-elle réagi à l’appel aux textes sur la pandémie qui ne cesse de dérouter le monde?
Une fois enfermée je suis passée d’un rythme intense de productivité artistique à un rythme ralenti.
Ce manque de rythme m’a fortement éprouvée et a ralenti ma production artistique. Ne pouvant me rendre à mon atelier, je ne pouvais plus peindre. C’est à ce moment que j’ai écrit le poème décrivant mon ressenti… J’ai peint avec les mots « confinée » « enfermée ».
Un ami, très grand poète, m’a demandé si j’avais écrit un texte ou un poème décrivant ce que nous vivions. Je lui ai envoyé mon texte sans savoir qu’il finirait par être publié. Cela m’a touchée.
Votre peinture actuelle a-t-elle reflété les signes de la pandémie dans ses couleurs, ses personnages, ses thèmes?
De retour à mon atelier, post déconfinement, j’ai produit quelques toiles mais cette fois-ci majoritairement teintées de vert. Pourquoi le vert je ne saurai l’expliquer. Peut-être une envie de nature et d’espace après un des confinements les plus long à travers le monde.
Peindre pendant la pandémie : une façon de boxer la vie pour ne pas sombrer dans le désespoir?
Dans mes peintures, il y a toujours eu cette recherche de la lumière même en pleine pandémie. Dans toute chose il y a du bon à retenir. L’humain a prouvé sa résilience à travers le temps.
Dans À L’OMBRE DES VOIX, vous avez proposé Confinée, un texte qui dit bien votre détresse : vous sentiez-vous comme noyée quand vous dites « Je remonte à la surface »? Écrire Confinée, est-ce dire à la maladie qu’elle est vaincue et que la vie en nous, humains, est plus forte que l’effroi que cause cette pandémie?
« Noyée » par l’ambiance et les informations, parfois contradictoire d’un jour à l’autre, et qui n’en finissaient pas de se déverser
Je remonte à la surface pour voir plus clair et réfléchir parce que la vie effectivement est en nous humain. L’introspection est essentielle pour se construire et évoluer.
Le port du masque, un supplice indicible, un corps et une identité pillés?
Pour moi, le port est devenu un acte de respect et de protection pour n’être le danger pour personne et bien sûr pour nous-mêmes.
Le quotidien de votre vie ressemblait-il à la vie d’une toupie incapable de contrôler ses mouvements conditionnés par la pandémie?
Tout à fait. Ballotée au gré des informations.
Mais au milieu de cette pandémie vous dites : « Soudain un rayon illumine » est-ce le soulagement vécu quand le confinement a été levé ou l’espérance de voir cette pandémie disparaitre un jour ?
Oui un rayon, cette lumière est en nous. Il est important de savoir la capter. Il s’agissait du troisième jour de confinement ou nous étions tous un peu perdus.
Pourquoi ce mot « Nostalgie » comme chute de votre poème?
Nostalgie de pouvoir prendre dans mes bras, de nouveau, les personnes que j’aime, mes enfants, ma famille, mes amis et reprendre nos activités et tout cela paraissait loin.
Un conseil, un mot pour nos lecteurs?
L’espoir, l’amour et suivre les traces de la lumière sont une source de force infinie.
Propos recueillis par Marie-Léontine Tsibinda Bilombo