QUETZAL YOU DE-KIMBIRILA – Peindre est mon ADN : ça ne s’explique pas autrement !
Quetzal Youssouf Kourouma De-Kimbirila alias Quetzal You Kimbirila est un artiste que l’on ne présente plus. Cependant, il est né en Côte-d’Ivoire à Abidjan. Ses toiles accompagnent le monde, pleines de lumière et montrent l’homme pris entre le désir de pouvoir et la maîtrise de la paix intérieure. Les pigments naturels, la peinture à l’huile n’ont plus de secrets pour lui. Le cubisme dans ses autoportraits est un plaisir indéniable. Son père diplomate avait pensé le mettre dans le moule social…sans y parvenir. Sa passion pour la peinture est au-dessus de tout. Il a participé à de nombreuses expositions dans le monde : les énumérer toutes ? Impossible ! Outre la peinture, il a aussi une formation de linguiste et de psychanalyste. Quetzal You Kimbirila est très impliqué dans l’art numérique 3 D.
Trois de ses toiles majeures sont chez un des plus grands spéculateurs sur la plateforme internationale dans une résidence à Paris. Et l’une d’elles vaut au moins $8000 US.
Pourquoi Quetzal ? N’y avait-il pas assez d’oiseaux merveilleux en Afrique pour aller si loin en Amérique du sud ?
Quetzal parce que pendant mes années de collège en Angleterre, je militais dans des mouvements estudiantins anarchistes internationalistes avec des Sud-Américains et comme de nature, je suis libre, et surtout pas aliénable ni convertible, ils ont trouvé bon de me coller ce nom.
Et si vous nous parlez de votre profession?
Ma profession? Artiste et illustrateur de livres. J’ai toujours fait de mon art un sacerdoce : ce qui donc englobe : joies, peines et autres sentiments.
Aviez-vous été dans une école de peinture ?
Non, dès mes onze ans les choses se sont mises en branle : il me fallait être excellent dans les études afin de leurrer ma famille après la pléthore de diplômes qui ne me servent à rien.
Pourtant vous aviez étudié la linguistique…
Oui et après mes études de linguistique à Londres et Paris, j’ai renoncé à tout pour ma passion depuis trente ans.
Malgré les injonctions de votre père ?
Mon père diplomate avait pensé me mettre dans le moule social…sans y parvenir !
Existe-t-il une histoire des arts dans votre famille ou êtes-vous le premier du genre ?
Mon oncle, auteur de plusieurs titres entre autres Le soleil des indépendances !
Oh, Ahmadou Kourouma !
Exact!
Comment visualisez-vous un tableau avant de peindre ?
Cela ne s’explique théoriquement pas.
Vous souvenez-vous de vos premières expériences en tant que peintre et qu’aviez-vous appris de ces expériences ?
Oui, j’ai toujours pris pour acquis ce qui me tombe dessus dans ma trajectoire de peintre, je suis accro à la résilience. Peindre est mon ADN : ça ne s’explique pas autrement !
Quels sont les moments les plus favorables dans votre phase de création ?
Je suis reconnu pour être un artiste exigeant au point de ne créer que trois à quatre œuvres majeures par an, ce qui évidemment sur le marché international me donne une audience. Je suis de culture Afrokemite et initié aux pratiques ésotériques pour faire le lien avec le momentum quand arrive l’inspiration ! Tout dépend des esprits des mânes de mes ancêtres.
Le monde culturel et artistique est un monde bien vaste et c’est la peinture qui vous a le plus marqué : y a-t-il une explication sensée à ce choix ?
Aucun artiste ne m’a concrètement inspiré.
Et les expositions ?
Je déteste les expositions à thèmes et en groupes par pur respect vis-à-vis de mon travail.
Quels sont les événements les plus marquants de votre carrière de peintre ?
Il y en a eu tellement! Le plus récent ? Le Prix Bixit de Montréal où j’ai été primé.
Quels sont les artistes qui vous ont le plus donné satisfaction lors de vos rencontres internationales ?
Un seul, le plus grand Lattier Christian qui a été approché par Picasso pour qu’il l’initie à sa technique de tresse.
Comment arrivez-vous à agencer toutes ces magnifiques couleurs?
Je travaille à partir des pigments comme les poussières tombales, les colas, le café.
Et si on vous disait : « Apprenez-nous à peindre ? »
Je suis aussi formateur international je parcours à ce propos pas mal de pays. Je suis en atelier pour répondre à un projet artistique sur la Covid-19. Je crée aussi des affiches et en ce moment je prépare un projet d’affiche numérique pour un éditeur.
Qu’est-ce qui vous caractérise le plus ?
La résilience et non la résistance. Je privilégie l’intelligence à la force. Je fais usage de mon art en ne le bradant pas. Voilà la seule voie qui vous fait respecter plus que les Picasso et autres.
Un dernier mot ?
Merci et surtout respect à vous qui avez compris la nécessité de promouvoir enfin la création africaine loin des approbations des occidentaux.
Propos recueillis par Marie-Léontine Tsibinda Bilombo