NOËL KODIA-RAMATA – On n’écrit pas avec les diplômes, mais avec l’inspiration
Écrivain et critique littéraire, Noël Kodia Ramata est un fervent lecteur de la littérature en général et de la littérature congolaise en particulier. Comme il le dit si bien, c’est son regretté ami Léopold Pindy Mamansono qui lui a ouvert la route de la critique. Aujourd’hui, les ouvrages de Noël Kodia-Ramata sur la critique sont une mine d’or pour les chercheurs et les amoureux des belles lettres.
Vous venez du Congo Brazzaville et vivez en France depuis belle lurette. Et le Congo vous le portez en vous en tant que critique littéraire, quelle force!
Déjà sur les bancs du lycée, nous essayons de gribouiller quelques poèmes comme pour ressembler aux doyens tels Tchicaya U Tam’Si, Jean-Baptiste Tati-Loutard et autres. La critique littéraire m’a été ouverte par mon ami Léopold Pindy Mamansono qui me demandait de publier, comme lui, quelques réflexions sur les œuvres de nos compatriotes dans le journal Mwéti de l’époque ; aussi me suis-je révélé chroniqueur littéraire grâce à ses encouragements. De chroniqueur littéraire, je passerai au critique littéraire après l’étude du Nouveau roman coïncidant avec la Nouvelle critique. Et cela va me pousser à m’intéresser à l’évolution du roman en général et du roman français en particulier qui sera la base de ma thèse de doctorat en littérature française à l’université de Paris IV Sorbonne avec le sujet ci-après : « La technique du roman aux XIXe et XXe siècles : exemple de Gustave Flaubert et Claude Simon ». Un travail qui m’a permis d’analyser n’importe quel roman car en plus de la critique dogmatique qui dirigeait nos lectures depuis le secondaire jusqu’à l’université de Brazzaville. Mon passage à la Sorbonne va me permettre de découvrir la critique moderne en côtoyant des célébrités comme Alain Robbe-Grillet, Claude Simon et autres adeptes du Nouveau roman.
Pourquoi avoir choisi le Congo littéraire pour parler au monde autour de vous?
Tout simplement parce que la littérature de mon pays vit en moi depuis que j’avais découvert les écrits de nos doyens, moi qui étais habitué à lire des textes des écrivains français au programme au cours de notre cursus scolaire du lycée à l’université. Avec les œuvres de Tchicaya U tam’Si que nous lisions, élèves au lycée avec des amis tels Jean-Blaise Bilombo Samba et Matondo Kutu Turé, j’étais déjà dans le Congo littéraire qui me fera découvrir d’autres figures tels Sylvain Bemba, Henri Lopes, Makouta Mboukou, Guy Menga et d’autres pour ne citer que ceux-là.
Ainsi est née cette passion de critique littéraire en vous?
La passion de critique littéraire est née en moi après mon passage à l’université de Paris IV Sorbonne après ma thèse sur le roman français, un travail de recherche fondé particulièrement sur la forme des textes, contrairement au regard textuel dogmatique auquel nous avaient habitué nos professeurs de l’université de Brazzaville avec leur critique traditionnelle, vieille comme le monde. La symbiose de la critique dogmatique avec la critique moderne a fait de moi un critique littéraire qui peut analyser n’importe quel roman. Il est par exemple inadmissible de voir des universitaires se rétracter devant l’écriture d’un Sony Labou Tansi, une écriture qui demande à être analysée avec quelques paramètres de la critique moderne.
Quelles sont les bases d’une critique littéraire sans compromis?
Étudier les textes des auteurs en privilégiant le fonctionnement de leur écriture, leur style et en créant un fossé entre l’auteur (personne concret) et l’écrivain (personne abstrait qui devient un artiste créateur des oeuvres de l’esprit). Même si l’image de l’auteur se dessine dans son œuvre, il faut se mettre en tête que le texte devant nous est un univers diégétique d’encre et de papier. Comme sur un tableau de peinture, les images des oiseaux ou de personnes n’existent que par la toile et la peinture de l’artiste; ces personnages et ces oiseaux ne peuvent parler ou voler. Et c’est à travers ce regard, qu’il n y a pas compromis dans la critique littéraire.
Vous êtes aussi écrivain et vous aviez publié quelques romans: qui est né en vous en premier lieu, le critique littéraire ou l’écrivain?
J’ai commencé à écrire depuis les bancs de l’école en gribouillant quelques vers en imitant les poètes français comme Victor Hugo, Ronsard que nous avait fait découvrir l’école. Déjà avant que je puisse approfondir mes études à l’université, j’étais aussi auteur de quelques poèmes et d’une pièce de théâtre que mon ami Léopold Pindy Mamonsono avait déjà édités sous forme de fascicule. La pièce de théâtre La voix de Lumumba écrite, quand nous étions, lui et moi, professeurs de lettres au lycée Lumumba, fut jouée par la troupe théâtrale du lycée en 1983 au CFRAD. Mes premiers poèmes seront publiés, avec les vôtres dans La Nouvelle Génération de poètes congolais en 1984 aux éditions Bantoues P. Kivouvou Verlag. Pour être bref, je dirai que je suis d’abord écrivain avant d’être critique littéraire, même si la dernière fonction semble prendre le dessus sur la première.
N’y a-t-il pas là un conflit d’intérêt?
Pas de conflit d’intérêt car, quand je suis écrivain, je travaille avec mon inspiration, et quand je suis devant une œuvre à analyser, je me sers des concepts des critiques traditionnelle et moderne pour analyser l’œuvre tant au niveau du fond que celui de la forme. Souvent, c’est au niveau de la forme que l’écrivain me révèle la spécificité de son travail, car au niveau du fond, nous remarquons une tautologie qui ne dit pas son nom car les écrivains en général et ceux de notre pays se reflètent à travers l’actualité de leur société qui révèle les mêmes thématiques.
Quels sont vos liens avec Le quai de la Culture, ce prix littéraire portant le nom de Sylvain Bemba?
Mon cadet Larios Mavoungou qui est un grand animateur de la littérature congolaise, m’avait demandé d’être membre du Jury de ce prix compte tenu de mes contributions en ce qui concerne la promotion de notre littérature. Avec d’autres confrères et consoeurs qui s’intéressent à la littérature, je ne pouvais qu’accepter cette invitation, surtout que nous devions, à travers ce prix, encourager les jeunes dans le domaine de la création littéraire en ce qui concerne le roman. Aussi j’ai été émerveillé par ce prix qui porte le nom de l’un de nos grands écrivains, j’ai nommé Sylvain Bemba, qui a été de beaucoup pour nous autres qui avions commencé à écrire dans les années 70-80. Un grand bravo aux amis de « Le Quai de la Culture ».
Vous venez aussi de publier une anthologie aux éditions Langlois Cécile?
Oui, une anthologie analytique pour écrire l’histoire et l’évolution des prosateurs de notre pays. Histoire que j’avais déjà commencée avec le Dictionnaires de œuvres littéraires congolaises qui était fondé sur les écrivains de 1954 à 2005, ouvrage publié aux éditions Paari à Paris en 2010. Dommage que cette suite ne soit pas éditée par la même édition pour garder l’unicité critique de notre prose narrative, pour des raisons que vous ne pouvez imaginer. L’Anthologie analytique de la nouvelle génération des écrivains congolais est mon troisième ouvrage publié par les éditions Langlois Cécile. Il traite des prosateurs (romanciers et nouvellistes) qui ont eu à publier dans la décennie 2006-2016. Une façon de montrer la dynamique de notre littérature à la plupart des étrangers qui s’y intéressent et que je rencontre au cours des activités littéraires. Ils ne parlent souvent que de Lopes, Mabanckou et d’autres écrivains d’avant 2006, comme si l’écriture congolaise n’appartenait qu’à ces grands noms du XXe siècle littéraire congolais. Dans cette anthologie, 75 auteurs avec 80 ouvrages (romans et recueils de nouvelles) analysés sont révélés aux amateurs de la littérature africaine.
Rencontrez-vous des jeunes qui s’intéressent à la critique littéraire?
Au niveau du pays certains noms comme le jeune Ramsès Bongolo et le professeur Pierre Ntsémou m’ont impressionné par leur sens critique de quelques œuvres. Une connaissance de la critique moderne ferait d’eux des critiques littéraires complets car en ce moment l’écriture romanesque évolue et la forme semble prendre le dessus sur le fond. Les questions que s’était posé Maupassant au XIXe et reprises quelque temps après par Jacques Laurent dans son Roman du roman publié chez Gallimard en 1977 (page 164), sont d’actualité dans la lecture d’un roman, Maupassant se demandait : « Existe-t-il des règles pour faire un roman ? Quelles sont ces fameuses règles ? D’où viennent-elles ? Qui les a établies ? En vertu de quelle autorité et de quels raisonnements ? ».
Création romanesque, création d’un style personnel ?
Aussi pourrait-on dire que la création romanesque dépend principalement de l’écrivain qui peut faire violence à la tradition pour se créer son propre style qui pourrait lui permettre de sortir des sentiers battus empruntés par la majorité des romanciers.
Un dernier mot?
Malgré la déliquescence de notre système scolaire et universitaire, il y a une effervescence au niveau de la production littéraire au niveau de notre jeunesse, surtout au niveau des femmes. Et je commence de prendre en compte cette remarque de mon ami Léopold Pindy Mamonsono, fustigeant nos universitaires qui ne prenaient pas au sérieux son engagement dans la promotion des jeunes écrivains dans les années 80 quand il me disait « que l’on n’écrit pas avec les diplômes, mais avec l’inspiration ».
Propos recueillis par Marie Léontine Tsibinda Bilombo
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