FERREOL GASSAKYS – La littérature a désormais toute ma préférence

FERREOL GASSAKYS – La littérature a désormais toute ma préférence

Ferréol Gassakys, un sexagénaire heureux époux et père de deux grands garçons.  Ferréol Gassakys aimerait que son passage ici-bas n’ait pas été vain et ne soit pas mis sous cloche. L’écriture est sa passion inassouvie. La musique une expérience étonnante.

Quand avez-vous entendu sonner les cloches de l’écriture pour la première fois ?

Il y a bien longtemps déjà, dès mon plus jeune âge, c’est à travers l’écriture que je communiquais le mieux avec mes géniteurs lorsque j’avais des doléances à formuler. Quelques années plus tard, à la faveur d’une expérience culturelle en tant que Commissaire général du Fespam, un bon ami, Jean Paul Pigasse m’a proposé une chronique culturelle aux dépêches de Brazza, magazine d’informations au Congo.

Au début, votre esprit n’avait-il pas essayé de résister à cet appel ?

Non car il avait trouvé la bonne argumentation pour me convaincre, tu as un potentiel culturel indéniable, j’aimerai que tu en fasses profiter le journal.

En faisant vos premiers pas dans ce monde, à quel auteur congolais vouliez-vous ressembler ?

J’ai beaucoup de respect pour les narrateurs africains, et  j’avoue en avoir côtoyé nombreux, naturellement, d’abord  sur les bancs scolaires, comme Ferdinand Oyono Mbia, Sembene Ousmane, Amadou Hampaté Bah, Jacques Roumain, Jean Malonga et j’en passe Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Eza Boto, Mongo Beti… puis un peu plus tard par découverte et passion personnelle, Sony Labou Tansi, Jean-Baptiste Tati Loutard, Tchikaya U’Tam’si, Cheick Anta Diop, Théophile Obenga, Jacques Atali, Platon, Ciceron, Rousseau, je crois qu’il serait raisonnable d’arrêter ici une liste qui pourrait  prendre l’espace de tout ce questionnaire car ils sont légion.

Depuis lors vous avez fait votre bonhomme de chemin. Combien de titres déjà à votre actif ?

Plus de six et je suis en perpétuelle gestation littéraire. Voici quelques titres: 

Êtes-vous animé par le même esprit lorsque vous écrivez ?

Je me laisse emporter par des inspirations diverses, j’essaye de me mettre dans la peau de mes personnages, tenez là actuellement, je suis une vache en quête de procréation.

  Votre dernier livre, Cadenas, est divisé en deux parties ; d’un côté un roman et de l’autre un essai. Pourquoi un tel choix ?

Je vous ai dit que j’étais en perpétuelle gestation littéraire, donc Cadenas n’est pas mon dernier ouvrage, depuis lors il y a eu une biographie sur mon géniteur Paul Pascal Gassackys, un être singulier et Supplices, un recueil de poèmes.

Mais pour répondre à votre question sur Cadenas, divisé en deux parties, roman et essai, j’avoue ne pas avoir de réponse, simplement j’ai été inspiré par l’idée que la Fraternité devait être traitée sous ces deux angles, c’est aussi simple que ça et donc, au diable les règles qui ne sauraient prévaloir en littérature.

N’avez-vous pas l’impression de déranger vos lecteurs en faisant cela ?

Je ne me qualifierai pas d’égoïste ou d’être animé par un hubris, mais je me laisse emporter au gré de l’inspiration, je ne veux pas me laisser encarter dans des chemins tracés.

Ferréol Gassakys est aussi un homme politique et député. Certains critiques n’hésitent pas à affirmer que la plupart des politiciens ne sont que de simples signataires d’ouvrages écrits par des auteurs tapis dans l’ombre ?

Je jouis d’un plaisir indicible à coucher sur du papier glacé ce que je pourrai même qualifier de fantasmes, si par autres auteurs ou nègres, vous entendez correcteurs, relecteurs et éditeurs, je plaide coupable, dans le cas contraire, je touche du bois, mais jusqu’à présent, il s’agit bien de mes œuvres. Je ne dis pas que l’on ne m’a jamais proposé d’écrire pour moi et même des ouvrages terminés, mais qu’est-ce que cela a suscité du mépris pour moi ! Je trouve cela incongru, à la limite, livrer ses mémoires sur dictaphone, ça c’est autre chose, mais pour l’instant je suis encore valide de mes dix doigts.

Ferréol Gassakys est-il donc prêt à défendre ses ouvrages devant n’importe quel parterre de spécialistes ?

Oui, je crois, comme je vis au préalable et bien profondément mes ouvrages.

Que représente pour vous la notion de belles-lettres dans la création littéraire ?

Là je me réfère à la poésie, car elle permet de révéler chaque belle âme ancrée en nous, elle permet de magnifier et à travers elle l’on peut se retrouver dans tous les genres littéraires et les illustrer par exemple par la symbolique d’une fleur qui marche pour évoquer la beauté d’un personnage.

Un mot sur la facette de producteur musical que vous êtes.

Il est vrai que j’affiche l’image d’un homme qui a du temps, mais cela devient de moins en moins vrai avec le temps, ce temps aux belles choses qui se plaît à faire des affronts, j’aime cette facette de producteur, écrire des textes et les faire interpréter par des artistes, mais j’avoue que la littérature a désormais toute ma préférence, donc il faut faire des choix.

Votre nom est intimement lié à l’histoire du groupe Extra-Musica. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Extra-Musica demeurera mon plus beau souvenir, ma plus belle expérience musicale, j’ai aimé manager ce groupe et connu toutes les émotions qu’on puisse éprouver en communauté humaine et je suis extrêmement fier de constater que notre musique aujourd’hui est une résultante de ce groupe que nous avons contribué à mettre sur orbite.

Où êtes-vous donc avec le projet « Terre sacrée » initiée par l’association « Lumière d’Afrique » dont vous êtes le manager ?

Nous avons produit quatre albums, le cinquième se concocte, mais j’avoue, comme je vous l’ai dit plus tôt que le temps n’est plus trop mon complice, des amis s’attellent à pérenniser le concept.

Était-ce si facile pour vous d’associer plusieurs grands noms tels que feu Papa Wemba, Kosmos Mountouari, Doudou Copa, Ferré Gola, Sam Mangwana et tant d’autres ?

Oui car ils m’avaient tous adopté et c’est à cette occasion que j’ai réellement découvert la bonté et la grandeur d’âme d’un baobab nommé Papa Wemba, mais aussi des autres talents tels Sam Mangwana, Cosmos et compagnie, une expérience extraordinaire.

Des projets en cours ?   

Écrire, écrire et encore écrire (rires) tenez, là je suis sur deux projets, je devrai dire trois, deux romans et un essai, ce dernier intitulé « Le vertueux, l’instinctif, le truand et l’autre » ne devrait pas tarder à paraître.

Propos recueillis par Fred Mouanda Kibiti