MARIE-LOUISE BIBISH MUMBU – L’Amérique est ma possession
Marie-Louise Bibish Mumbu est la dernière, 6e du nom dans une famille de quatre garçons et deux filles. Son père était fonctionnaire de l’État au Zaïre et travaillait dans la territoriale, ce qui fait de la famille, la nation zaïroise par excellence, chacun des enfants étant né dans une ville différente de la république. Moi, à Bukavu. Marie-Louise Mumbu a eu son « diplôme d’état » en section littéraire, – latin philo -, puis elle a été graduée en journalisme à l’ISTI. Elle est autrice dramaturge. Passionnée de journalisme écrit et des arts.
Vos parents ont-ils joué un rôle capital dans le choix de votre carrière, votre mère a-t-elle été plus encourageante que votre père ou vice-versa?
Mon père n’est plus depuis mes examens d’état. Mais il est dans ma tête, mon cœur, mes écrits et mes pensées. Vivant, il nous a tous élevés et scolarisés sans distinction, garçons et filles. Il aurait voulu que je fasse le droit, j’étais une bavarde. Ma mère aurait préféré que je fasse la couture. J’ai tranché pour le journalisme ! Et ma famille a toujours été là, m’assurant de leur soutien et de l’amour à mes débuts dans un milieu très masculin, – le journalisme -, et une société hyper exigeante sur la posture des femmes en public. Je parle du Kinshasa des années 2000.
Vous êtes partie de l’Afrique, aviez séjourné en Europe et finalement posé vos valises au Canada : un parcours que vous aviez toujours souhaité ?
J’ai toujours fait des allers-retours entre Kinshasa et l’ailleurs sans y résider. J’ai beaucoup travaillé en Europe en effet, mais en retournant toujours au Congo. Je ne rêvais pas du Canada. J’en avais une vision très « polaire » on va dire : esquimaux, igloo, etc. Puis le Canada est devenu un choix affectif, j’y rejoignais l’amour… qui n’était pas au rendez-vous malheureusement. J’ai quand même choisi d’y rester et me bâtir professionnellement. C’était un nouveau défi et j’en avais besoin pour effacer mon sentiment d’échec…
Journaliste, vous aviez travaillé pour Africultures, quelles sont les raisons qui vous ont fait choisir ce média et pas un autre?
Je voulais écrire et je voulais écrire sur la culture et les arts. La plupart des journaux locaux n’avaient pas de pages culturelles. Y avait le sport ou occasionnellement une info sur la musique, c’est tout. Africultures que j’ai découvert à l’Écurie Maloba où j’étais au service de presse me donnait la possibilité d’allier mes deux passions : le journalisme écrit et les arts ! Enfant, j’aimais beaucoup lire, écrire et j’étais une bavarde, je l’ai dit. Mais j’avais déjà compris la force et l’impact des mots. Quand je dormais avant le retour de mon père, je lui laissais des petits mots, pour qu’il signe mon journal de classe, pour lui raconter quelque chose. C’était plus fort que le rien, pour moi. Et quand je suis allée m’inscrire à l’ISTI, à mon entrevue d’inscription, j’ai dit que j’étais là pour faire de la presse écrite. Là où toutes les autres filles avaient répondu qu’elles voulaient passer à la télévision… Et Africultures est le média qui m’a donné ma chance alors que j’étais encore étudiante, au Congo, débutante dans le milieu de la presse et si jeune.
Quelles sont les motivations réelles d’une journaliste comme vous?
Mettre en avant les arts et les cultures… Et la meilleure façon de le faire c’est d’en parler ! Question surtout de parler aux gens de ce qu’ils ne connaissent pas, ou qu’ils connaissent mal, ou qu’ils connaissent peu.
Du journalisme vous êtes passée à l’écriture et vous avez publié entre autres titres Bibish à Kinshasa ou La vie quotidienne de Samantha, un livre de 192 pages aux éditions Le Cri, en 2008, de quoi traitez-vous dans cet ouvrage?
Le titre final de cette œuvre c’est « Samantha à Kinshasa », un roman réédité ici à Montréal en 2015 par les éditions Recto Verso, les éditions Le Cri ayant fait faillite. Je parle de Kinshasa, ma ville de vécu. Je parle de certaines de ses logiques et ses gens, – roulages, filles de quartier, article 15, sape, place Victoire et Magasin, etc. -, pour célébrer les vivants. Parce que lorsqu’on parle de la RDC dans les médias, c’est toujours en termes de morts, catastrophes, guerres. J’ai eu envie de parler de ceux qui contournent la guerre connue/visible par d’autres moyens propres.
Ce livre a eu une seconde vie et a été adapté au théâtre par Catherine Boskowitz : comment s’est passée la collaboration et qu’aviez-vous tiré de cette expérience?
Ce livre a eu trois vies en fait et sur trois continents. Une première adaptation au théâtre avait été faite, avant Catherine, à Kinshasa par le théâtre les Béjarts. Papy Mbwiti avait mis en scène 5 jeunes femmes pour être cette Samantha qui raconte son Kinshasa. Ensuite en France, Catherine Boskowitz mettait en scène Alvie Bitemo, actrice brazzavilloise, accompagnée sur scène par un musicien, Benoist Bouvot. La dernière version à date, celle de Philippe Ducros, créée ici à Montréal au théâtre Espace Libre en 2015, a tourné pendant deux ans dans les maisons de la culture de Montréal, à Québec et dans l’ouest canadien. Une version dans laquelle je suis sur scène pour permettre au public d’avoir sous les yeux l’auteur et son œuvre ! À chaque fois, puisque les metteurs en scènes ont besoin de mon autorisation pour se lancer, – les fameux droits d’auteurs -, ce sont des collaborations enrichissantes pour moi. Les projets étant portés par des personnes dont j’apprécie le travail. Et à chaque fois ma curiosité et mon amour de la scène ont grandi.
Des amours indissolubles entre le théâtre et vous?
On est collé, cimenté, bétonné comme dit l’expression. C’est par le théâtre que je visualise le mieux mes écrits.
Que vous rappelle l’effervescence du milieu culturel kinois des années 2000? Et aujourd’hui?
Les années 2000 pour moi sont un super rétroviseur qui me rassure du chemin parcouru. C’est une période où j’étais souvent seule, la première à… Et il y avait une montagne de murs à défoncer, ce n’était pas de tout repos. Mais j’avais, – j’ai toujours d’ailleurs -, la niac qu’il fallait. Le discours qui allait avec. Le maintien. Et surtout les bonnes amitiés.
Parlez-nous des Studios Kabako…
Les Studios Kabako sont une compagnie de danse contemporaine dirigée par Faustin Linyekula, un chorégraphe hors pair et unique en son genre. Quelqu’un de bien ! C’est surtout l’histoire de notre amitié, de l’époque où rien ne pouvait nous arrêter, pas même la mort. Je me souviens de la compagnie, quand nous la créions ensemble : les démarches administratives dans un Kinshasa que je connaissais bien mieux que lui, venant de Kisangani, les projections artistiques qu’il maîtrisait, ayant gagné un prix international avec une compagnie de danse kenyane. Les Studios Kabako c’est ma première collaboration artistique en tant qu’administratrice puis en tant que performeuse sur scène. C’est l’endroit de la matérialisation de mon amour des arts vivants. Ce sont des belles années fondatrices de qui je suis aujourd’hui !
Une artiste en résidence se nourrit de quels matériaux pour mener sa création à bon port?
Ça dépend vraiment d’une artiste à l’autre et des objectifs qu’on s’est fixé. Et alors, tout peut devenir prétexte. Le train qui passe, des enfants qui jouent, une femme enceinte dans le transport en commun, l’employé au bureau de poste. Ou alors un souvenir, une odeur, un état d’âme.
Quand j’étais en résidence à Limoges, j’y étais dans le but d’écrire une pièce de théâtre classique c’est-à-dire avec des personnages, des dialogues, des didascalies, etc. Une fois sur place, en dehors de mon projet théâtral, j’ai pris un plaisir exquis à écrire certains passages de Samantha à Kinshasa… Me remémorer Kinshasa à Limoges avait quelque chose de magnifique dans mon imaginaire et les sensations n’en étaient que plus fortes !
Pouvons-nous dire que votre parcours artistique a été satisfaisant jusqu’à l’éclosion de la pandémie ?
Il est toujours satisfaisant pour moi malgré la pandémie. Parce que certaines interventions onlines par exemple, m’ont donné de toucher un autre public, différent, d’autres gens qu’on ne croise pas toujours dans les salles de spectacle.
Je suis une optimiste née, j’ai la foi et je pense qu’à quelque chose, parfois, malheur est bon, ce n’est pas moi qui l’ai inventé… Et je suis en même temps solidaire avec ma profession, alors je ne vais pas trop traîner sur ce sujet. Il y a un temps pour tout. Quand ce sera le moment de célébrer publiquement, avec tambours et trompettes, on le fera !
Face à la fermeture des théâtres et à l’annulation des festivals, quelles sont les stratégies qui sont les vôtres aujourd’hui pour maintenir le rythme?
Je tente déjà de faire aboutir des projets inachevés… J’essaie aussi de rajouter des lignes à un deuxième roman… pas évident, mais j’y vais de temps en temps, sans me stresser cependant. Enfin, je réponds positivement à des invitations et sollicitations online. Je préfère, et de loin, la fréquentation d’une salle ou d’un festival, mais je me prête au jeu actuel en me disant que c’est temporaire ! Je fais de l’accompagnement rémunéré en écriture à des personnes qui sont dans un processus d’évacuation surtout (traumas, souvenirs, héritage familial). C’est plus émotionnel que littéraire. Et ça me nourrit d’une façon comme d’une autre vu combien je suis moi-même un être intelligent et émotionnel.
Membre du Cead, vous participez à des lectures en ligne pour ne pas briser les ponts avec votre public : quelle est la différence particulière de cette façon de vivre les choses?
La présence d’un public dans une salle me manquera toujours. L’instantané du moment, les réactions, l’électricité qui se dégagent… On n’a pas cela en ligne. Mais je salue l’initiative du CEAD – centre des auteurs et autrices dramatiques -, de cette initiative de cette session dite « Les monologues intérieurs », non pour remplacer des façons de faire mais plutôt pour se rappeler à nous-mêmes qui nous sommes, notre profession : auteurs et autrices !
Quelle importance a le conte dans votre vie d’artiste? Faites-vous des lectures fréquentes ou intermittentes?
C’est une de mes meilleures prises de parole sans le sentiment d’imposture… Je ne suis pas comédienne, mais j’aime la scène. Et dire mes propres textes sur scène est extraordinaire. Je le fais autant de fois que possible, d’autant qu’au Québec il y a des festivals entiers destinés aux autrices et auteurs. C’est quelque chose que je n’avais pas en RD Congo par exemple et qui faisait que le comédien était un roi tout-puissant qui faisait connaître ton texte. On ne parlait même pas des doits d’auteurs ! Ici, c’est tout autre chose. Il y a des commandes de textes pour lesquelles la demande stipule vouloir l’autrice et son œuvre pour les représentations, avec cachets pour les deux volets de la sollicitation. Quel plaisir !
Afrolit sans frontières est le nom d’un événement auquel vous aviez pris part : pouvez-vous nous donner plus de détails sur cette grande rencontre?
C’est une célébration de la littérature africaine. C’était un moment, pour l’organisation, de donner la parole et l’espace aux enfants du continent, où qu’ils soient, pour se raconter, se présenter. Il y a des thèmes pour chaque édition, mais pour celle de 2020, en plein confinement, l’urgence était la prise de parole et c’est à cette édition que j’ai participé. J’ai choisi de relater mon parcours en plus ou moins 1h et d’y présenter quelques œuvres. Afrolit sans frontières c’est l’initiative de la nouvelle génération de plumes du continent pour aussi marquer l’unité, la fraternité, la sororité.
Que représente pour vous l’art d’écrire en Amérique?
J’aime beaucoup cette question. Je disais que j’avais la foi… et je crois que l’Amérique est ma possession puisque j’y ai mes pieds. C’est dire qu’on ne peut pas rester insensible aux questions qui touchent l’endroit où l’on vit. On ne peut pas se considérer étranger indéfiniment, même si les « autochtones » nous le rappellent, même s’ils nous exigent à tout prix un positionnement, même si on représente un dommage collatéral dans des luttes dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissements. J’aborde les réalités nord-américaines avec mes tripes kinoises parce qu’on ne peut pas m’enlever cette part de moi, Dieu merci. Tout le reste se dépose sur ce fait. Ce qui me facilite à relativiser pas mal de sujets chauds comme le racisme, la violence policière, le sexisme, etc.
Des perspectives d’avenir?
Il n’en manque pas sinon il n’y a plus de vie.
Un dernier mot?
Aimons-nous vivants ! Il y a eu trop de morts cette année et personnellement ça me fait me rendre compte à quel point l’existence ne tient qu’à un fil. Alors du mieux que nous pouvons, aimons-nous, disons-le nous, montrons-le nous.
Propos recueillis par Marie-Léontine Tsibinda Bilombo
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